Tour du monde en vélos couchés
Le voyage est avant tout un choix de vie. Le choix de vivre une aventure et d’écouter notre désir de découvertes, d’expériences, de rencontres et de partage. Le voyage nous à été proposé par notre éducation et nous faisons le choix de l’expérimenter aujourd’hui.
En tant qu’artistes, nous aspirons à questionner le monde et notre relation entretenue avec lui. Nous choisissons la mobilité comme contexte créatif, pour qu’à chaque virage s’annonce une découverte inattendue, un nouveau questionnement susceptible d’être développé, détourné et partagé. C’est dans cet état d’esprit que nous entreprenons de faire un tour du monde en vélos couchés, avec une autonomie matérielle et un équipement spécialisé afin de réaliser différentes recherches et expérimentations.
Le vélo accorde plus d’autonomie que la marche à pied. En comparaison avec une solution motorisée, il est silencieux, écologique, économique, et sa vitesse modérée permet de rester attentif aux événements extérieurs, facilitant ainsi les rencontres et échanges humains. C’est pour cette raison que nous nous donnons trois années pour réaliser ce périple. Dans ce contexte, le vélo est un moyen de changer notre rapport au temps, de prendre la mesure du monde kilomètre après kilomètre, à échelle humaine.
Le voyage est aussi une aspiration concrète à changer de mode de vie. Si partir implique de quitter un mode de vie familier, un confort matériel, des habitudes, il s’agit aussi et surtout d’en inventer un nouveau. En tant que voyageurs, nous serons directement confrontés, à notre échelle, à des questions en lien avec les principaux enjeux planétaires qui se posent aujourd’hui, telles que la gestion de l’eau, de l’énergie, le respect de la biodiversité, la mise en place d’un mode de vie durable… De cette préoccupation découle notre principal axe de recherche : «le Système D». Dans un monde qui semble saturé de problèmes globaux, nous faisons le pari qu’il existe autant de solutions locales, qui gagneraient à être connues, diffusées et appliquées.
Atelier mobile de création
Si le voyage était un lieu, il serait celui de la connaissance et de la découverte. Nous y installons alors notre atelier pour qu’il soit au coeur même des événements. Geocyclab se présente ainsi comme un atelier mobile de recherche, de création et de diffusion.
L’objectif premier de Geocyclab est de produire et diffuser des objets, des installations ou des performances artistiques directement influencés par l’expérience même d’un mode de vie. Dans l’idée d’une autonomie de production, nous voulons nous approprier les outils nomades de création audiovisuelle, de diffusion et de publication numérique actuels.
L’élaboration de Geocyclab doit nous mener à explorer le nomadisme sans chercher à évacuer notre culture mais bien au contraire, en essayant de s’adapter en permanence à notre environnement. Notre terrain de jeux se situe à l’endroit ou les cultures se rencontrent, là où d’un coté comme de l’autre, les clichés s’effondrent sous le poids de leur désuétude.
En provoquant des épisodes d’isolement, en acceptant de changer de repères, nous laissons alors plus de place à l’influence d’un lieu, d’une situation, d’un comportement, d’un objet ou d’un événement. Nous allons donc, pendant trois ans, nous mettre en situation de création spontanée, afin que chacune de nos interventions devienne un atelier/laboratoire où l’on travaille, réfléchit et pense «sous influence».
Nous cherchons des situations variées, surprenantes et éventuellement déraisonnables pour puiser dans les ressources de l’insolite. Notre intention est d’exprimer et de retransmettre des sentiments, des émotions et un point de vue singulier en offrant un corps formel à nos préoccupations présentes.
En tant qu’artistes-voyageurs, par définition “de passage”, nous avons le pouvoir de modifier un lieu, de changer un paysage avant de disparaître. En décidant d’allier création et mobilité, nous questionnons aussi le mouvement, le déplacement, l’espace physique ou cartographique et notre propre condition de voyageurs / touristes / étrangers.
Geocyclab est un dispositif polyvalent permettant d’établir une relation directe et ouverte entre notre travail de plasticiens et les populations rencontrées. C’est en nous imprégnant directement de la vie de cet atelier mi-virtuel / mi-réel que naîtra une série de réflexions, d’installations et de performances, comme autant d’exercices de création plastique et audiovisuelle.
Recherches sur le Libre
La révolution numérique conjuguée aux différentes crises économiques, voit l’émergence d’une pensée du Libre qui s’exprime essentiellement par l’apparition des licences libres et ouvertes. Le Libre implique une diffusion gratuite du (ou des) savoir(s) permettant la production d’outils réels ou virtuels. Il en découle un nouveau modèle économique basé sur le partage des connaissances, et qui commence à s’appliquer à la production d’objets.
Le terme Objet Libre n’a pas de définition officielle. Néanmoins, nous avons décidé de l’employer car il englobe toutes les notions relatives au Système D et au matériel libre. Le sens du mot Objet est à l’opposé de celui du mot logiciel, c’est à dire composé de matière et existant dans le réel. Le mot Libre est synonyme du mot ouvert (open), et implique la notion de partage, de libre diffusion et d’accessibilité… En résumé, un Objet libre n’est pas breveté et peut être distribué sous une licence libre.
Les Objets Libres existent depuis bien longtemps partout dans le monde sous la forme de Systèmes D, d’objets détournés, d’objets recyclés, d’objets transformés… Qui ne demandent qu’à être diffusés et partagés pour obtenir leur statut de Libre.
Vouloir rendre Libre des Systèmes D en les partageant, nécessite un travail de collecte, d’analyse, de description et de diffusion Open Source des données collectées.
En adoptant la posture d’artistes-chercheurs, nous utiliserons notre atelier-laboratoire mobile pour identifier, référencer, décrire, et diffuser les dispositifs de facture artisanale ainsi que les initiatives de travail en collaboration (Fablabs, Makerspace, Hackerspace…) susceptibles d’améliorer le quotidien de chacun. Nous avons donc l’intention d’observer ces objets avec une approche scientifique de description et de classification, mais également avec un regard artistique, en étant attentifs au contexte, aux interactions et aux discussions qu’ils suscitent.
Comme le laisse entendre Bruce Sterling dans le titre de son livre « Objets bavards », les Objets Libres sur lesquels nous allons nous pencher auront chacun une histoire à nous raconter. Pour peu que nous prenions le temps de les écouter, ils devraient alors nous apprendre énormément de choses sur le monde. Notre rôle consiste alors à traduire ces histoires d’une manière sensible, par le biais d’inventions, de détournements, d’associations d’idées, ou de toutes autres formes d’expressions artistiques, afin de les rendre accessibles.
Adrien Morel
Éditeur Principal Et Auteur Chez de Geo Cy Lab
Adrien Morel rédige des articles consacrés aux expéditions à vélo, en partageant des itinéraires, des conseils pratiques et des anecdotes du monde du cyclisme.
Lucien Garnier
Éditeur en Chef chez de Geo Cy Lab
Lucien Garnier supervise les contenus du site, en veillant à ce que chaque publication soit claire, précise et bien structurée.